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Insomniaque ou onirique, l’instant est sen­suel où ondulent ensemble jazz alangui et Afrique caressante. Tel était le désir de Moïra, ancienne élève du fameux Berklee College de Boston : al­lier ses deux continents musi­caux de prédilection. Energies et instruments se plaisent. Optant pour une douceur brûlante, pia­no (volontiers « jarretien »), kora, contrebasse, n’goni, percussions, tracent les contours de cette insomnie pour nuit claire et chant ailé, en anglais ou en français. Certaines plages, tels les Dreams qui ouvrent l’album ou la reprise du « princier » Sometimes it snows in april, ont une séduction trou­blante, un frémissement d’été. Un projet à suivre, pour peu qu’il se poursuive et aille plus loin, ose davantage. Telle quelle, cette In­somnie est joliment capiteuse.

Nouvelle venue sur le label Cobalt, Moïra avoue deux passions : la musique africaine et le jazz. ça ne pouvait mieux tomber, rien ni personne n’empêchant celles-ci de cohabiter. De retour du Berklee College of Music de Boston, où elle s’en était allée affiner un joli filet de voix que nombre de chanteuses du Massachusetts seraient en droit de lui envier, elle s’est donc contentée d’ajouter la kora du griot gambien Yakhouba Sissokho et le n’goni de Moriba Koïta (deux partenaires épisodiques de Jean-Jacques Avenel, le bassiste préféré de Steve Lacy), à son trio habituel (Bruno Angelini au piano, Alexandre Hiele à la contrebasse, Olivier Petitjean aux percussions) afin de constituer le casting définitif d’Insomnie, son premier CD, qui la voit glisser quelques prometteuses compositions originales entre deux reprises (africanisées) de thèmes confirmés de Prince (Sometimes it Snows in April) ou de Stevie Wonder (Visions). A noter également sa relecture terminale et respectueuse de l’Eau à la bouche, que l’auteur, Serge Gainsbourg, grand amateur d’ambiances jazzy raffinées, aurait sans nul doute appréciée.

Serge LOUPIEN,  27 novembre 2000


ELLE REVIENT d’un concert à Bamako, s’appuie sur deux musiciens africains dans son groupe, et il lui arrive de chanter en bambara : Moïra, jeune chanteuse parisienne de 27 ans, qui donne son premier grand concert parisien ce soir, serait peut-être à la musique africaine ce que les Gitans appellent un « gadjo », l’autre, l’ami. Une blanche, fille de deux musiques noires : le jazz et la musique traditionnelle telle qu’on la joue au Mali. « Insomnie » (Cobalt), son premier album, propose une rencontre bien différente de celles qui se sont récemment multipliées entre le jazz et l’Afrique.

A l’origine, Moïra est une chanteuse de jazz qui a vécu son enfance à New York. Parfaitement bilingue, elle chante indifféremment en français et en anglais, voire en portugais. Il y a trois ans, elle retourne aux Etats-Unis pour parfaire ses qualités vocales naturelles au Berklee College of Music de Boston, un temple dont les professeurs sont les grands noms du rhythm’n’blues et du bop. De retour à Paris, elle constitue un trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Alexandre Hiele. Elle écume les petits clubs de jazz en chantant le répertoire des grandes voix noires, de Billie Holiday à Sarah Vaughan. Dans « Insomnie », un disque de fusion, son chant reste habité par cette souplesse, cette incarnation, ces modulations propres au jazz. Une blanche, fille de deux musiques noires Moïra s’est beaucoup baladée d’un genre à l’autre comme choriste, de MC Solaar à Carlos Santana.

Elle collabore avec de nombreux rappeurs, tâte de la house, avant de trouver sa voie en rencontrant le joueur traditionnel de n’goni, Moriba Koïta, qui accompagne toutes les grandes chanteuses de l’Afrique de l’Ouest de passage en France, et un griot gambien installé à Paris, Yakhouba Sissokho, qui joue de la kora, cette cousine de la harpe. Le percussionniste Olivier Petitjean, venu du jazz, complète ce groupe. La ligne de piano très fluide de Bruno Angelini ouvre des espaces novateurs aux instruments africains. Le premier album de Moïra nous emmène d’une chanson traditionnelle en bambara, que tout le monde connaît par coeur au Mali, à une reprise de Stevie Wonder, en passant par l’errance d’« Insomnie », l’une des chansons signées Moïra, et sûrement la plus autobiographique. Mais ses reprises de Gainsbourg ou de Prince, elle les aborde avec la liberté d’un jazzman recréant un standard.

Yves Jaeglé, 27 Nov. 2000


Surprenant premier alblum de cette jeune chanteuse parisienne. Dans un registre qui doit autant à son passage au Berklee College of Music qu’à des gouts moins académiques (Prince, Stevie Wonder, Gainsbourg), elle a su aménager , sans trop de recherche, d’effets ou de contrainte conceptuel, un joli moment inédit. Son jazz vocal mâtiné de kora africaine nous fait retrouver le sens du mot « rafraîchissant »


Cette jeune chanteuse parisienne sait parfaitement que le jazz et l’Afrique ont une histoire à partager. Elle s’engage et prend parti sans équivoque pour cette idée, avec l’album (Insomnie, chez Cobalt) qu’elle vient d’enregistrer. Un manifeste d’affinités comprises et approuvées sur la scène du New Moming en compagnie de musiciens issus des deux univers: Bruno Angelini (piano), Alexandre Hiele (contrebasse), Moriba Koïta (n’goni), Olivier Petitjean (percussions) et Yakhouba Sissokho (kora).


Parisienne, Moïra a étudié le chant jazz aux états-unis et fréquenté les plus grands musiciens mandingues du Mali. « Insomnie » son premier album est un objet sonor non identifié où le chant plutôt jazzy croise le n’goni et la kora. Troublant.


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